La beauté cachée du temple de San Jorge en Cantabrie

Peut-être ne vous y attendez-vous pas, mais au cœur de la paisible région de Besaya en Cantabrie, se dresse un édifice qui laisse les visiteurs sans voix dès leur première rencontre. À première vue, il pourrait faire penser à une de ces merveilles de l’Antiquité grecque. Pourtant, il s’agit d’un temple cantabre, imprégné d’une âme hellénique.
L’église de San Jorge : le Partenon espagnol
Nous parlons ici de l’église de San Jorge, également surnommée le Partenon espagnol. Située à Las Fraguas, dans la commune d’Arenas de Iguña, cette construction constitue l’une des œuvres les plus intrigantes du néoclassicisme espagnol. Achevée en 1890 à la demande des duques de Santo Mauro, cette famille noble souhaitait un lieu de culte qui servirait aussi de chapelle et de panthéon familial.
Ce projet fut érigé sur les vestiges d’une ancienne ermite médiévale. Son design tranche radicalement avec les styles architecturaux locaux. Inspiré par l’architecture classique grecque, le temple est entouré de quarante colonnes corinthiennes, soit dix de moins que celles du Partenon d’Athènes. Avec son ensemble d’arquitraves, de corniches et de frontons triangulaires, le monument évoque totalement l’art de l’original.
La genèse d’une œuvre néoclassique
Le choix du style néoclassique n’est pas anodin. À la fin du 19e siècle, les grandes familles européennes, en particulier la bourgeoisie espagnole, se tournaient vers d’autres horizons pour s’inspirer esthétiquement. Dans ce contexte, les duques commandèrent également le tout proche palais de Los Hornillos, conçu par l’architecte britannique Ralph Selden Wornum dans un élégant style Old English.
L’église de San Jorge représente donc une des nombreuses tentatives de réinterprétation architecturale provenant de Cantabrie, créant un mouvement qui revisita les idéaux de beauté, de symétrie et de proportion du monde antique. Son design n’est pas seulement un hommage à la Grèce, mais plutôt une réminiscence des jardins palatiaux anglais que des petites chapelles rurales.
Au fil du temps, ce temple, qui était au départ un espace réservé à un usage privé, a été intégré au patrimoine local. Suite à la disparition de l’ancienne paroisse de Las Fraguas, le duc a fait don de l’église au village, la transformant ainsi en église paroissiale. Malheureusement, son histoire a également connu des épisodes sombres. Pendant la Guerre civile espagnole, le bâtiment a servi de prison sous le régime républicain.
Se dresse sur un rocher sous lequel elle s’accroche dans les pentes
Le Palais de Los Hornillos : un voisin illustre
L’église de San Jorge ne peut être pleinement comprise sans évoquer son pendant, le palais de Los Hornillos. À proximité, ce palais a été visité par Alfonso XIII et a gagné une notoriété internationale en étant le lieu de tournage du film Los Otros (2001) d’Alejandro Amenábar. Bien que l’intérieur du palais ne soit pas accessible au public, ses jardins vibrent au rythme d’événements culturels et de célébrations.
Ce cadre naturel, avec ses montagnes, ses prairies et ses forêts, renforce l’attrait de ces deux constructions. Saviez-vous que l’église de Las Fraguas n’est pas la seule réinterprétation du Partenon en Espagne? À Don Benito (Badajoz), se trouve le Partenon de El Palmeral, une structure inaugurée en 2010, conçue à partir de matériaux recyclés.
Explorant ce coin de Cantabrie, vous découvrirez non seulement un héritage architectural fascinant, mais aussi une histoire riche et complexe. Qui sait ? Vous pourriez bien tomber amoureux des histoires que raconte chaque pierre.






